Arrivée d’une nouvelle espèce.
Proposition d’organisation de l’action publique
Rapport établi en septembre 2010 par :
- Dominique DODU
Inspectrice de l’Administration du Développement Durable - Olivier GONDRAN
Inspecteur de l’Administration du Développement Durable - Roland MOREAU
Inspecteur Général des Affaires Sociales - Jean LESSIRARD
Inspecteur Général de la Santé Publique Vétérinaire
Le frelon asiatique à pattes jaunes a été capturé, puis identifié, dans le Lot-et-Garonne en 2005.
Sa colonisation extrêmement rapide du sud-ouest a suscité de vives émotions d’autant plus que le frelon s’est révélé un actif prédateur d’abeilles et qu’il a une forte présence dans les zones péri-urbaines.
Au delà de son impact sur l’apiculture qui se rajoute aux graves difficultés que la filière connait par ailleurs, les craintes suscitées par cette espèce invasive portent sur les risques qu’elle peut engendrer en matière de sécurité des personnes et sur son impact sur la biodiversité.
Aussi, sur le terrain, des actions de destruction de nids et de piégeage ont été immédiatement entreprises avec l’espoir, si ce n’est d’éradiquer l’espèce, tout du moins de freiner son développement.
De très nombreuses informations, pas toujours étayées, souvent erronées, concernant le frelon, ont circulé sur internet, dans des revues associatives. La presse a, souvent et régulièrement, traité du sujet. La forte mobilisation du monde de l’apiculture a conduit les préfets des départements les plus concernés à coordonner des actions locales sans orientation de la part des ministères concernés.
Parallèlement, les connaissances progressent.
Les éléments recueillis par la mission permettent d’estimer que :
la progression de l’aire colonisée est inévitable et qu’il est illusoire de croire que l’on puisse parvenir à une éradication de l’espèce grâce à des campagnes massives de destruction de nids ;
un nouvel équilibre naturel s’établira dans les zones concernées ;
le frelon constitue un danger pour l’homme de nature assez comparable à celle des espèces autochtones ;
il est un sujet de préoccupation pour la filière apicole sans constituer un problème de même importance que ceux liés aux pertes de colonies engendrées par ailleurs ;
il n’existe pas à l’heure actuelle de piège spécifique au frelon asiatique, et, en attendant la mise au point d’un piège effectivement sélectif, le piégeage doit être limité au maximum.
Par ailleurs, le nombre important des acteurs et la variété des actions mises en oeuvre donnent un sentiment de confusion d’autant plus que la communication de l’Etat n’a été ni structurée ni abondante dans son contenu.
Il importe sur le sujet qu’il y ait une cohérence de l’action collective.
A cet effet, la mission a établi des recommandations visant notamment à :
établir un pilotage interministériel : le MAAP [1] serait en charge de coordonner l’action publique et la communication au travers d’un plan d’action ;
conforter et préciser le rôle de différents acteurs : ITSAP [2] au titre d’animateur de la filière apicole ; le MNHN [3] au titre de référent scientifique ; la DRAAF [4] au titre de la cohérence territoriale de l’Etat, sous l’autorité du préfet de région ;
poursuivre la progression des connaissances : connaissances fondamentales, recherche opérationnelle, dangers vis à vis de l’homme, impact économique.
Document complémentaire
Rapport public sur Le Frelon Asiatique
[1] MAAP : Ministère de l’Agriculture, de l’Alimentation, de la Pêche, de la Ruralité et de l’Aménagement du territoire
[2] ITSAP : Institut Technique et Scientifique de l’Apiculture et de la Pollinisation – Institut de l’abeille
[3] MNHN : Muséum national d’Histoire naturelle
[4] DRAAF : Direction Régionale de l’Alimentation, de l’Agriculture et de la Forêt